Les papyrii de Napoléon

Deux des papyrus d'Herculanum

A la fin de l'été de l'an 79, le Vésuve entre dans l'une des plus grandes éruptions de l'Histoire de l'Europe, narrée avec précision par Pline le jeune, le neveux de Pline l'ancien (mort dans la catastrophe) qui a pu la voir depuis Misène, à peu près épargné, en son honneur, ce type d'éruption est appelé éruption plinienne. De nombreuses villes et villages furent ensevelis: Pompei, Herculanum, Stabiae, Opplontis (abritant la villa de l'Impératrice Poppée, femme de Néron). Des milliers de Romains trouverons la mort à cause des portes des villes encombrées et de leur méconnaissance du volcanisme explosif. Les localités ne seront retrouvées que dix-sept siècles après.

Le site d'Herculanum, au pied du volcan connut un destin exceptionnel. La nuée ardente (ou coulée pyroclastique) qui détruisit cette riche station balnéaire fut immédiatement suivi d'une coulée de boue volcanique ou lahar de 20 mètres de haut. Ce qui permet de conserver de nombreux objets en matière organique. La petite ville est celèbre pour ces meubles de bois, intacts quoique carbonisés

En 1752, dans une immense villa, on trouva d'étranges cylindres carbonisés d'abord pris pour du bois, certains furent même brûlés. Il s'avéra que c'étaient des papirii. Donc, cette luxueuse villa, ayant appartenu à un parent de Jules César, était aussi une bibliothèque, la plus ancienne d'Europe qui existe encore, et ces rouleaux, les plus anciens livres du continent, si ce n'est du monde. Il s'agit d'ouvrages de philosophes grecs.

Les souverains de Naples ont toujours voulu savoir ce que cachaient ces ouvrages. Un peintre romain coupa en deux certains rouleaux et gratta les couches carbonisés, endommageant irrémédiablement des livres. l'Anglais Hamilton plongea un rouleau dans un bain de mercure mais celui-ci tomba en poussière. C'est l'abbé Piagio, envoyé spécial du Vatican, qui trouva la solution: une machine qui déroule lentement un rouleau. Aujourd'hui, on utilise la tomographie par rayon x et l'imagerie multispectrale.

En 1802, le Roi de Naples, sans doute en symbole de paix, envoya six de ses rouleaux au Premier Consul de France, Napoléon Bonaparte. Ces livres étaient considérés comme des présents très précieux comme des statues de marbres ou des bijoux en or. Le Premier Consul en était très content. Quoique militaire, c'était un fin érudit et l'antiquité gréco-romaine le passionnait particulièrement. Il en fit don aux Sages de l'Institut pour qu'ils les déroulent après une courte exposition avec d'autres trésors antiques à Malmaison. 

Durant l'ère napoléonienne, les sages se décident à ne pas les dérouler, de peur de les détruire. Le déroulage ne va commencer qu'en 1816, avec l'aide de deux savants Anglais, mandaté par George IV, Roi d'Angleterre, qui admirait Napoléon et se sont prolongés tout au long du 19e siècle. Un des rouleaux s’avéra être un texte de Philodème de Gadara et un fragment mentionne Virgile.